Lorsque les institutions deviennent inefficaces, car censées organiser la vie en communauté, comme gérer la relation entre le peuple et le pouvoir en place, des mouvements se mettent souvent en marche, et appellent à l’application de nouvelles règles. Et je pense que c’est dans ce cadre que s’inscrit l’action de n’importe quel mouvement protestataire.
Le jeu des intérêts contradictoires des différents groupes sociaux nécessite de nouvelles réponses en termes de démocratie, en l’occurrence, de nouvelles institutions. L’aspect institutionnel, de toute forme de révolution, traduit ce besoin né d’une inefficience, voire d’une défaillance des usages dans la résolution des conflits. La crise pandémique, s’assortit non seulement de constats d’échec quant à la bienveillance de ceux qui sont censés veiller sur l’intérêt des citoyens, mais de révélations, quant aux défaillances du système de santé, d’éducation, de recherche-développement. Tout ce qui pourrait constituer des valeurs communes d’une société, et générer ces biens publics, que nous devrions avoir en partage.
Quand les institutions mises en place, en l’occurrence celles représentant le pouvoir, font preuve d’incapacité, ne devrions-nous pas porter une réflexion nouvelle, sur leur composition, leurs structures, voire leur bien-fondé. Lorsqu’au premier pilier de la démocratie, à savoir le gouvernement au nom du peuple, ne se joignent pas systématiquement les deux autres piliers « gouvernement par le peuple et gouvernement pour le peuple », seuls garants de la justice sociale, le dispositif mis en place doit être repensé.
La démocratie sous sa forme actuelle ne garantit en vérité qu’un des trois piliers, en laissant en marge, les deux autres, au mépris d’un votant désabusé, et au gré d’un élu, qui ne tardera pas à être placé sur l’échiquier des abus de pouvoir. L’injustice sociale est en train de développer de nouvelles formes, de se moderniser, de s’adapter, et bat son plein dans notre pays. Nous ne parlons plus de pauvreté, mais de misère, alors que vivre dignement est un droit constitutionnel. Le problème, c’est que la constitution n’a pas prévu les mécanismes qui permettent à tout citoyen l’exercice de ses droits. C’est ce que j’appellerais l’incomplétude constitutionnelle. Alors que l’un des piliers de l’exercice de la démocratie est la responsabilité démocratique. Nos gouvernants, représentants, ne semblent pas pouvoir se placer à la hauteur de cette exigence.
La société civile devrait normalement pallier ce problème, sauf que ses interventions thématiquement sélectives sont à reconsidérer. La question qui semble donc se poser expressément, ne devrait-on pas repenser le système de gouvernement et évoluer vers de nouvelles formes de démocratie et créer de nouvelles institutions ?
Habiba Nasraoui Ben Mrad, Enseignante Universitaire École Supérieure de Commerce
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